L’île Saint Paul
Nous avons eux la chance d’y poser le pied dans le cadre de notre mission scientifique.
Toutes nos photos de notre passage à Saint-Paul ici
Découverte en 1559, l’île Saint-Paul est un cratère volcanique dont un morceau s’est effondré laissant l’eau s’engouffrer. La dernière éruption remonte en 1793.
Elle est tristement célèbre avec les oubliés de Saint-Paul, un groupe de six hommes et une femme enceinte qui furent abandonnés en 1930, alors qu’ils étaient chargés par la société « La Langouste française » de garder l’île et ses installations.
Aujourd’hui seuls les otaries à fourrure, gorfous sauteurs, albatros sont les résidents permanents de l’île.
Une station scientifique est toujours sur place notamment un sismographe dirigé par l’École et Observatoire des Sciences de la Terre (EOST) à Strasbourg et un marégraphe en charge de mesurer le niveau de la mer, géré par le CNRS.
L’île est également une réserve naturelle intégrale, son accès est interdit sauf pour la maintenance des équipements scientifiques.
L’histoire et la découverte de l’île Saint-Paul
L’île Saint-Paul. Sa découverte demeure un mystère. Elle apparaît sur un portulan manuscrit d’Evert Gysberths, daté de 1559, vers une latitude de 38° sud sous la dénomination « T.q. descrobio a não S. Paulo ». Cependant, rien n’indique précisément quand et par qui cette île a été découverte, ni l’origine de son nom, probablement donné par un navire portugais.
Le 8 novembre 1696, une mission de recherche hollandaise débarquera à l’île Saint-Paul avant de rejoindre Amsterdam. Composée de trois navires – la frégate De Geelvink, le hooker De Nijptang et la flûte Weseltje. Cette mission est placée sous le commandement de l’officier de marine Willem de Vlamingh. L’ordre sera donné à cette flotte de retrouver le Ridderschap Van Holland, bâtiment hollandais perdu en 1694, entre le Cap et Batavia, et de visiter Saint-Paul et Amsterdam où d’éventuels rescapés pourraient être réfugiés.
Le journal de cette mission donne des premières informations sur l’île de Saint-Paul. Le lac d’eau qui se trouve dans le cratère ne communique pas avec la mer, fermé par une digue naturelle (qui finira par s’effondrer), couverte d’otaries, déjà, à l’époque.
Du 19 novembre au 6 décembre 1857, la frégate autrichienne « la Novara » débarque sur l’île Saint-Paul une équipe qui y étudiera la flore, la faune, et la géologie.
Du 23 septembre 1874 au 4 janvier 1875, une équipe d’astronomes français, dirigée par l’Amiral Ernest Amédée Barthélemy Mouchez, débarque de « La Dives » sur Saint-Paul pour observer le passage de Vénus devant le soleil. Le phénomène est rare, environ une fois par siècle.
L’année 2024 fête les 150 ans de cette expédition, pour l’occasion une plaque commémorative sera installé sur l’île durant l’OP4, début décembre 2024.
Pour l’occasion les Terres Australes et Antarctiques Françaises ont émis un timbre à l’effigie de l’expédition.
Plus d’informations ici.
1928 : « La langouste française », filiale de la société des îles Kerguelen met en plus une conserverie de langouste sur l’île Saint-Paul
1931 : la conserverie ferme ses portes en oubliant sont personnels sur l’île, les oubliés de Saint-Paul.
Photo, vestige de la conserverie, 2024
Les oubliés de Saint-Paul
Quand une société « oublie » un groupe de six hommes et une femme enceinte en 1930. Chargé par « La Langouste Française » de garder l’installation de la pêcherie à Saint-Paul au milieu de l’océan Indien.
Début octobre 1929, la société « La Langouste française », propriété des Frères Bossière, armateurs du Havre, débarqua sur l’île Saint-Paul environ trente Européens embauchés à Concarneau et dans les environs pour une campagne de pêche à la langouste durant la saison estivale, de novembre à mars. À la fin de cette campagne, le navire Austral de la société est venu chercher le personnel pour le ramener en France et a levé l’ancre début mars 1930, laissant sept personnes sur l’île pour garder et conserver le matériel durant l’hiver austral :
L’administrateur de la société, Alfred Caillé, leur avait promis de leur envoyer un bateau ravitailleur dans les deux ou trois mois suivant le départ de l’Austral. Cependant, il n’en fut rien.
Louise Le Brunou accoucha fin mars d’une petite fille nommée Paule, en hommage à l’île. Malheureusement, la petite ne vécut que deux mois et fut enterrée dans une caisse de conserves.
Par manque de vivres frais et à cause d’une consommation excessive de conserves (bœuf en gelée) avariées, les gardiens commencèrent à souffrir de scorbut, qu’ils identifièrent grâce à un livre de médecine laissé sur place. Louis Herlédan décrit : « Jambes gonflées, pleines de liquide jaunâtre, que nous essayons d’éliminer par incision ». Le premier à succomber fut Manuel Puloch le 30 juillet, suivi de François Ramamongi et Victor Le Brunou. Pierre Quillivic quitta l’île en canot par une mer démontée et ne fut jamais revu.
Quand le bateau Île Saint-Paul accosta finalement sur l’île neuf mois plus tard, en décembre 1930, seuls trois des sept gardiens avaient survécu : Julien Le Huludut, Louise Le Brunou et Louis Herlédan.
S’ensuivit en France un procès intenté par les survivants et leurs familles, qui dura du 24 juillet 1931 (dépôt de plainte) au 19 avril 1937 (jugement en appel). La cause des oubliés de Saint-Paul fut défendue par César Campinchi jusqu’en 1936, avant qu’il ne devienne ministre de la Marine. La défense de « La Langouste française » était assurée par Alcide Delmont, sous-secrétaire d’État aux Colonies du 3 novembre 1929 au 21 février 1930 et du 2 mars au 30 décembre 1930.
En avril 1935, la société « La Langouste française » fut reconnue coupable et condamnée à verser des indemnités aux victimes et à leurs familles, mais elle fit appel. Le 8 avril 1937, le jugement en appel confirma la responsabilité de la société. Toutefois, en raison de sa faillite, les victimes ne reçurent aucune indemnisation.